Java

Les forçats du Kawa Ijen.

Quelques jours après l’épisode de « l’intoxication alimentaire », tout est rentré dans l’ordre et je suis de nouveau en parfaite santé. Nous nous mettons alors en direction du kawa Ijen, volcan connu pour sa carrière de soufre. Nous quittons Malang à bord d’un bus local, direction Bondowoso, de là, toujours la même histoire : soit nous faisons appel à une agence, soit pour 10 fois moins cher nous nous débrouillons avec les transports locaux pour rejoindre Paktuding. Nous choisissons, bien sûr, la deuxième option : nous prenons un bus, puis un Bemo, mais arrivés à la moitié du chemin, plus rien. On lève alors le pouce au bord de la route, quelques minutes plus tard une famille est d’accord de nous emmener en contrepartie de quelques rupiahs. Nous partons donc jusque Sembol avec eux. A Sembol nous retentons le stop jusqu’au départ du trek, mais là c’est plus compliqué personne ne veut nous prendre, les heures passent et les propositions de nous emmener à destination moyennant de l’argent afflux. La nuit approchante, nous finissons par payer deux jeunes qui nous déposent à Paktuding en scooter. Une fois arrivés sur place, nous prenons une chambre, c’est très rudimentaire mais de toute façon on ne va pas dormir beaucoup.

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Vers 3 heures du matin, le réveil sonne il est temps de se mettre en route, pour les 600 mètres de dénivelé que nous devons parcourir jusqu’au cratère, le chemin est facile, tout du long c’est sur une piste en terre bien tassée par les porteurs de soufre que nous progressons. Nous voulons arriver au sommet avant le lever du jour, car de nuit on peut voir les flammes bleues s’échappant de la base de la carrière de soufre, juste au-dessus du lac. Dans la montée, on voit une forte lueur venant du cratère : « whouu !! Alors c’est ça les flammes bleues, ça doit être du lourd !!! ». Nous nous fourvoyons totalement, 10 minutes après, la lune fait son apparition au-dessus de la lèvre du cratère ! On traine sur le chemin car au dessus de nos têtes, nous avons le droit à une pluie d’étoiles filante surprise ! Nous loupons les flammes bleues car une fois arrivés là-haut, la lueur du jour est déjà bien présente. Nous assistons tout de même à un joli lever de soleil sur la mer. Avant de descendre dans le cratère, nous avons eu un moment d’hésitation. On est mal à l’aise, les mecs ont un boulot que l’on peut aisément qualifier « de merde » et les gens viennent les voir bosser, c’est le safari humain.

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 On discute avec un mineur, c’est décidé nous descendons finalement dans le cratère et essayons de ne pas déranger les mineurs. Ce n’est pas le cas de tout le monde, Yohann ne peut s’empêcher et il a bien raison d’engueuler des visiteuses en mini short fluo et sandales comme tout droit sorties d’une discothèque de Bali, elles créent un véritable embouteillage. En plus de les déconcentrer, elles empêchent les mineurs lourdement chargés de progresser. Arrivés au bord du « lac le plus acide du monde  » la connerie reprend le dessus et Yo trempe un doigt,  ben oui, forcement c’est bouillant et acide !

Comme je le disais plus haut, le kawa Ijen possède une des soufrières les plus accessibles au monde.  A la source du minerai, les conditions de travail sont déplorables, pour se protéger des gaz toxiques parfois mortels (un savoureux cocktail de vapeur d’eau mélangé à du dioxyde de soufre, du sulfure d’hydrogène et de l’acide chlorhydrique) pas de masques à gaz mais un simple foulard humide.  Des canalisations ont été disposées de façon à optimiser la cristallisation du minerai et c’est avec une barre à mine qu’ils fracturent le soufre.

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Ici les mineurs en plus d’extraire le minerai très convoité, doivent aussi le transporter à dos d’homme. En effet le volcan se trouvant dans un parc naturel, l’utilisation de machines ou de mules pour le transport est interdit. Les hommes remontent avec deux paniers remplis de soufre en équilibre sur une épaule, le chargement pèse donc en moyenne entre 80 et 90 kilos c’est à peine croyable, on se demande vraiment comment ils font pour porter des charges aussi lourdes, faire tout ce chemin jusqu’ à la pesée qui se trouve là où nous avons dormi et cela 2 ou 3 fois par jour. La raison est bien sûr le salaire : le kilo de soufre étant vendu 600 roupies le kilo, le chargement est rémunéré environ 5 euros, ceux-ci nous disent bien gagner leur vie. Mais à quel prix?

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De retour dans notre chambre, nous plions vite bagages, il n’y a pas de transport nous devons tenter le stop pour rejoindre le port de Buyolali afin de rejoindre Bali dans l’après-midi. Un couple de français et leurs deux charmants bambins réussissent à convaincre leur chauffeur de nous prendre. Nous ferons routes avec eux, ils nous déposeront gentiment devant le ferry.

 

Caldeira du Tengger, Bromo et Semeru (ou pas).

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La Caldeira du Tengger et son cratère fumant du Bromo sont des attractions à Java, le genre d’endroit que toutes les agences de voyages proposent à tour de bras. Après un trajet de bus d’une journée nous arrivons à Malang, au pied du complexe volcanique. On demande à tout hasard le prix du transport jusqu’à Cemero Lawang (le départ du trek). On découvre une spécificité mathématique unique avec cette destination, le coût du trajet est inverse à la distance !

Bizarrement le vendeur n’a pas su nous expliquer pourquoi à Yogyakarta, située pourtant trois cents kilomètres plus loin le prix était de 150000 rupiahs (12 euros) et que au pied du volcan il monte à 480000 rupiahs (40 euros). Tous payent sans poser de questions, nous nous prenons un bus public et un bemo et on arrive à destination pour 3 euros chacun. Lors des deux premiers jours de marche il n’y pas de point d’eau alors à Cemero Lawang, nous lestons copieusement nos sacs à dos du précieux liquide.

 

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Le premier jour on ne fait que monter sur le rempart sud de la caldeira, on trouve un endroit idéal pour bivouaquer à 2700 mètres. On est tous seuls, la vue est superbe. Au milieu de la caldeira du Tengger tapissée de brume, il y a au premier plan le cône verdâtre du Batok, le cratère du Bromo et ses volutes de gaz et au loin le volcan Semeru. C’est le sommet de Java avec 3676 m, il a la charmante particularité de nous faire une petite éruption toutes les 30 à 50 minutes, si tous se passe bien (ne vous rassurez pas, cela n’a pas été le cas) nous serons au sommet dans quatre jours.

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Nous sommes debout très tôt pour ne pas rater le lever de soleil,  on descend le rempart, nous faisons un passage éclair en zone ultra touristique pour voir le cratère du Bromo.

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 Ça  c’est fait ! Maintenant il nous faut traverser les cendres puis la savane de la caldeira en plein cagnard. Au bout d’un moment (plutôt long) on arrive au pied du rempart opposé à celui où l’on a dormi la veille, ben ce n’est pas gagné, on distingue vite fait un chemin qui monte en lacets sur le flanc mais il est recouvert par une savane qui arrive à hauteur d’épaule. La tête de Laeti dépasse tout juste des hautes herbes, assez pour m’adresser des regards noirs et une soufflante bien méritée sur mon prétendu itinéraire. Après 90 minutes d’une montée épique on arrive sur une piste qui descend tranquillement jusqu’à Ranu Pane, on mange un riz frit dans un resto (il va avoir son importance) puis l’on campe près d’un lacs où l’on rencontre un groupe d’étudiants de Jakarta qui se lancent eux aussi dans l’ascension du Semeru.

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On repart de Ranu Pane les sacs pleins de vivres pour quatre jours, on ne sait plus très bien si la montagne est sous nos pieds ou sur notre dos…enfin bon, allons y! On choisit sans le savoir le chemin le plus dur (mais le plus beau) pour rejoindre le lac Ranu Kumbolo. Une longue montée plus tard, on se retrouve face au Semeru, on attend un peu qu’il daigne faire son rototo puis on redescend vers une belle étendue de savane. Au milieu de celle-ci le lac : l’endroit idéale pour notre troisième nuit de  Bivouac.

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Laeti n’est pas au top, elle commence par avoir de la fièvre, puis des vomissements et j’en passe, la nuit n’arrange rien, la journée de lendemain non plus… Les Indonésiens sont adorables, ils nous offrent des tonnes de nourriture et de nombreux médicaments, mais encore faut-il que ce soit les bons et surtout qu’elle puisse les avaler, ce qui n’est pas le cas.  Huit mois de voyage sans trop de soucis et il faut que la première intoxication alimentaire se passe en pleine montagne. Le temps passe, c’est sérieux il faut aller à l’hôpital mais pour l’instant elle a trop de fièvre pour marcher. S’ensuit une nouvelle nuit interminable, le matin la fièvre a un peu baissée, mais elle peut toujours ni boire ni manger et a perdu beaucoup d’eau en deux jours. On n’a pas le choix Il faut rentrer à Ranu Pane où l’on pourra louer un 4×4, marcher n’a pas été une partie de plaisir. Pendant que j’expérimente différentes techniques pour porter deux sacs de randos à la fois, Laetitia essaye tant bien que mal de se porter elle-même. Un groupe s’arrête en chemin et prie pour elle, ils arrangeront gentiment la location du 4×4 qui nous attend à notre arrivée au village, après six heures d’une marche exténuante. A l’hôpital de Malang, les seringues et les perfusions font des merveilles. Le médecin nous donne les médicaments adaptés au cas où cela se reproduise.

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