Potosi

Sucre, le cratère de Maragua et Potosi.

Sucre et le cratère de Maragua.

Sucre est la capitale constitutionnelle de la Bolivie, elle a connu la déclaration d’indépendance d’une province qui s’appelait à l’époque l’Alto Pérou. La ville est charmante, avec ses grands bâtiments blanchis à la chaux et son atmosphère tranquille. On débarque de la Paz toujours accompagnés de Julien, on se renseigne sur une randonnée qui se fait pas très loin de la ville, dans le cratère de Maragua, une étrange formation géologique.

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Après de nombreux échecs, nous trouvons enfin un moyen de transport pour nous rendre sur place. On marche toute l’après-midi jusqu’au moment où l’on se perd. Bien évidemment on se disait juste avant qu’il fallait être un naze pour prendre un guide par ici…Trouver le bon chemin, ce n’est pas gagné ! En gros, on voit où on doit aller mais entre nous et cet endroit il y a une forêt de piquants, des ravins, puis une falaise. On essaye à gauche : raté, on essaye à droite : encore raté, on essaye au milieu, ça pique à mort, puis en haut : trop risqué !! Bon, la nuit commence à tomber et on a oublié nos frontales, on se demande si ce n’est pas nous les gros nazes…En plus je fais une réaction allergique à une piqûre d’insecte et je me mets littéralement à fleurir de toute part (Yo). C’est au moment où je commence à prendre l’aspect d’un mur en crépi que l’on trouve enfin une sortie en suivant la rivière. On arrive  enfin dans le cratère de Maragua où nous passons la nuit.

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Le lendemain, je suis content, j’ai retrouvé une peau lisse. On part vers le village de Quila-Quila. Ici, un transport passe à 11h du matin, nous nous rendons vite compte que l’on va être juste pour l’attraper et c’est à ce moment-là que Valerio sort de nulle part. Il est allé rendre visite à sa mère et rentre lui aussi à Sucre. Il nous guide à travers des raccourcis incroyables et on arrive sur la piste avant l’heure.

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Le « transport » arrive, on s’était imaginé un bus, mais pas du tout, il s’agit d’un camion et d’une simple benne où sont entassés 70 personnes et leurs marchandises. On se retrouve dans des positions incroyables pour se tenir debout. C’est la guerre là-dedans, le moindre centimètre gagné sur son voisin est une victoire ! On pose rapidement la question fatidique concernant le temps du trajet, malheureusement on nous répond 4h et forcément à ce moment-là, le camion se retrouve avec une roue crevée… Une petite demi-heure pour changer la roue et nous re-voila entassés comme du bétail à l’arrière de ce camion. Les vieilles dames, on les comprend, sont assises sur le sol de la benne mais du coup la place est encore plus réduite. Un pied en équilibre coincé sous des tonnes de jupes et de provisions, le bras en l’air essayant de s’accrocher comme on peut, sans parler de la poussière…bref. Un trajet dont on se rappellera longtemps !

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Potosi et ses mines.

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Il y a des lieux où le poids de l’Histoire est lourd, très lourd. La ville de Potosi n’a pas été construite dans le but de détenir le record de la ville la plus haute du monde (4200 m). Mais pour exploiter les mines du Cero Rico, une montagne défigurée par des milliers de galeries. Quand ce filon d’argent fut découvert, les conquistadors envoyèrent des milliers d’esclaves Indiens extraire le précieux métal, puis ce fut des milliers d’esclaves Africains qui furent envoyés à leurs tours pour pallier la pénurie de main-d’œuvre car les conditions de travail, les difficultés, les accidents et la silicose provoquaient tant de morts. Durant la période coloniale on estime que 8 millions d’Indigènes et d’Africains périrent dans d’atroces conditions.

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Aujourd’hui, les gisements d’argent sont quasiment épuisés mais les mines sont toujours exploitées pour l’étain, le zinc et le plomb. Les exploitations appartiennent désormais à des coopératives de mineurs, les conditions de travail sont toujours archaïques et très difficiles. Pour améliorer un peu les conditions de vie et de travail certaines coopératives proposent des visites guidées à travers cet enfer. D’anciens mineurs se reconvertissent en guide et nous mènent à travers le dédale de galeries, bien sûr cette visite n’est pas exempte de voyeurisme mais les bénéfices sont reversés aux mineurs. Une fois habillés en parfait petit mineur nous suivons Ricardo dans les couloirs et galeries de la mine. Il faut presque ramper par endroits, l’air ambiant est saturé d’un mélange de gaz et de vapeur d’urine, nous allons jusqu’au troisième niveau, la température avoisine les 40 degrés! Mis à part quelques chariots mécanisés, tout le travail se fait à main d’homme. Quelle baffe! Quel enfer ! Surtout qu’à travers nos discussions avec notre guide nous apprenons que la plupart des hommes travaillent 8 à 12h sans pause et que beaucoup d’hommes meurent de la silicose avant leurs 40 ans. L’âge légal pour travailler dans les mines est de 18 ans mais Ricardo nous explique qu’avec l’autorisation du père de famille de jeunes garçons sont facilement embrigadés dans ce travail horrible. Car le salaire n’est pas mirobolant mais il est toujours un peu plus élevé que le salaire moyen.

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L’ascension (ou pas) du Huayna Potosi: 6088 mètres!

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Après tous ces treks, et si on faisait un sommet à 6000 mètres ! La Bolivie est l’endroit parfait pour tenter l’alpinisme, en effet au départ de La Paz, plusieurs sommets sont accessibles pour une somme modique. N’ayant jamais tenté une telle expérience, nous allons donc démarcher quelques agences pour plus de renseignements. Le sommet le plus accessible est le Huayna Potosi 6088 m, Yohann l’a déjà gravi il y a 5 ans avec Mathieu, mais les autres sommets sont plus techniques ou plus haut donc tant pis il tentera le sommet une deuxième fois. Le tour est réservé pour 1000 bolivianos chacun (100 euros). Nous partons 3 jours, sont compris l’hébergement, les repas, le transport, une demi-journée de pratique sur le glacier puis l’ascension !

C’est parti nous sommes 6, deux Australiens, deux autres Français Anthony et Martial et nous.

 Laetiiii :

La première  journée, après être arrivés au pied du Huayna Potosi, nous faisons une petite séance d’initiation aux techniques d’escalades sur glacier. Piolet en main, crampons aux pieds nous nous entraînons à grimper  quelques parois verticales…c’est très sympa mais fatiguant aussi car tout  ce matériel pèse assez lourd. Je suis rassurée d’apprendre qu’il n’y a pas de passage si technique pour aller jusqu’au sommet.

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Le lendemain en début d’après-midi, nous nous apprêtons à partir pour le camp 2. Un peu d’excitation, une touche de stress mais une totale confiance en moi pour pouvoir aller au sommet, après tout on vient de marcher 30 jours au Pérou, niveau condition physique nous sommes à point! tranquilo pero seguro…..

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Nous voyons redescendre les groupes qui ont monté le sommet dans la nuit, vu leur tête cela a l’air dur et éprouvant. Tiens, 4 Français, si je leur demandais comment cela s’est passé… L’erreur! Les deux couples, venant de Chamonix, habitués à marcher en montagne me font un topo à chaud de l’expérience épuisante qu’ils viennent de vivre : c’est bien plus dur qu’on ne le pense, il fait froid, les derniers passages sont très difficiles sur une crête étroite avec 200 mètres de vide de chaque côté, certains ont failli arrêter plusieurs fois, le guide était très désagréable, il leur donnait un rythme trop rapide…Tiens tiens, la balance stress/confiance en moi c’est vite inversée dit donc….

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 Nous arrivons au camp 2 vers 16h30,  nous avalons une soupe accompagnée de quelques noodles et une heure plus tard il faut déjà essayer de dormir car le réveil est à 1 heure du matin.

Vers 2h nous sommes habillés, cramponnés, encordés. En première position se trouve le guide puis moi et Yohann ferme la cordée, nous partons tranquillement. Le temps est magnifique, la lune est pleine, sa lueur se reflète sur tout ce blanc qui nous entoure, la glace et la neige scintillent, on y voit presque comme en plein jour, le vent est glacial mais en marchant nous ne tardons pas à nous réchauffer.

Très  vite nous nous rendons compte que notre guide n’est pas des plus sympathiques, il n’a pas l’air décidé  à respecter notre rythme, il avance vite et me traîne quand je vais trop lentement à son goût. On a vraiment l’impression qu’il veut nous épuiser le plus rapidement possible pour que l’on abandonne.

Après avoir marché à flanc, puis traversé une zone de crevasses nous voilà entrain d’avancer sur une pente plus raide et qui va en s’accentuant. C’est très difficile, le manque d’oxygène pénalise grandement le souffle mais aussi les muscles, nous n’avons fait que 300 m mais mes cuisses ont l’impression d’en avoir grimpé 1500. Je me décourage un peu quand je vois tout ce qui reste à parcourir. J’ai besoin d’une petite pause pour reprendre mon souffle (la première !), le guide se met alors à discuter avec Yohann en espagnol comme si je ne comprenais pas ! Il lui dit « si tu veux rejoindre la cordée du mec tout seul, un peu plus haut, il n’est pas trop tard car de toute façon on voit bien qu’elle n’y arrivera pas ». On n’en revient pas, je marche lentement certes mais nous avons notre rythme et progressons normalement par rapport aux autres groupes, nous sommes tout à fait dans les temps. Pourtant avec la fatigue, ce trou du cul misogyne réussit à me foutre un sacré coup au moral.  Nous repartons mais dans ma tête je ne sais plus si je me sens capable d’aller jusqu’au bout. Les paroles de Yohann me regonflent un peu, physiquement je peux le faire mais c’est aussi dans la tête, à moi d’en vouloir. Et putain pour en vouloir j’en veux, ce sommet c’est mon défi personnel  et c’est con mais il se trouve que ce 19 septembre 2013 au moment même où nous faisons l’ascension cela fait tout juste un an que nous avons commencé ce voyage alors c’est vraiment cool de monter un 6000 ce jour là !

 Un peu plus tard nous apercevons une cordée qui redescend, c’est un des Australiens qui fait partie de notre groupe, il a des maux d’estomac terribles dus à l’altitude. J’hésite à redescendre,  c’est peut être la seule occasion de ne pas pénaliser Yohann, car si je souhaite arrêter plus tard alors que personne ne redescend, il sera obligé d’abandonner aussi. Je décide de continuer mais c’est très difficile chaque pas est un calvaire, et ce guide qui passe son temps à essayer d’accélérer la cadence. Après une dizaine de mètres, je me rends à l’évidence que je  n’arriverais pas en haut, il reste un peu plus de la moitié à parcourir surtout que la partie finale très exposée au vide me fait peur. Il faut que j’abandonne maintenant car je peux encore rattraper l’Australien et le guide qui redescendent. A 5600, c’est une déception énorme, j’embrasse Yo et j’entame la descente. Je suis tellement déçue que j ‘ai chialé sur toute la route jusqu’au refuge, en chemin un guide essaye de me consoler en me disant que le sommet sera encore là dans 5, 10, 15 et 20 ans, c’est sympa de sa part mais je suis moins sûr qu’avec 20 ans de plus j’arriverais ce que je n’ai pas réussi aujourd’hui !!!!

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Yohann :

Je me retrouve donc seul avec le guide, je suis maintenant convaincu qu’il fait tout pour que l’on abandonne. Il est 4h du matin, on a marché très vite pendant une heure pour rejoindre la cordée de Martial et de l’Australien encore debout. On doit être vers 5800 mètres, c’est super beau, on voit les lumières de La Paz ainsi que l’Illimani brillés sous la lumière de la pleine lune. Mais je commence à être un peu inquiet car la mer de nuages qui jusque-là était restée tranquillement cantonnée au fond des vallées, commence à remonter. Je me sentais bien jusque-là, mais le contre-la-montre pour rejoindre les autres m’a en fait épuisé. L’Australien s’allonge dans la neige, il n’en peut plus il redescend avec son guide alors que Martial se greffe à ma cordée, dommage j’aurais bien changé de guide. Donc, les guides s’échangent les gens qui veulent monter et ceux qui veulent redescendre, le bon côté c’est que si ton collègue de cordée craque, tu peux inter changer et continuer, le mauvais côté c’est qu’à chaque fois que tu as une occasion de faire demi-tour, tu cogites !

On avance bien avec Martial, c’est sa première montagne et il ne lâche rien ! On passe une épaule et le sommet apparaît, il est battu par des vents violents et cela ne sent pas bon. On fait une pause je regarde la mer de nuages, elle remonte trop vite, j’ai à peine le temps de le signaler à mon équipier que nous somme déjà en plein dedans. C’est foutu, quoi qu’il arrive il ne fera pas beau là-haut. Et puis j’ai froid, j’en chie et je ne vois pas l’intérêt de continuer alors que je suis déjà allé sur ce sommet dans des conditions pas géniales, mais franchement meilleures qu’aujourd’hui ! Alors, j’ai bien envie de redescendre. J’expose tout ça au Morlaisien en lui laissant le choix, il veut aller là-haut. Je fais mon petit diable et lui demande s’il est sûr, il en est convaincu, alors on continue…

Le truc c’est que le tracé a changé depuis 5 ans, on ne grimpe plus le sommet de face mais par une arête pourrie, parfois en glace et franchement assez exposée. Au vu de l’altitude et de la fatigue que l’on ressent, je pense que le qualificatif  «un des 6000 les plus faciles de la planète» que l’on peut lire dans les guides de voyage est à revoir. A cause des nuages, je n’ai pas pu prendre de photos alors je suis allé en chercher deux pour donner une vue d’ensemble.

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Le guide a un comportement lamentable, il est seulement au service de ses propres intentions, parce que monsieur a froid il veut que l’on se dépêche. Je suis obligé de lui dire de se calmer, de lui rappeler qu’on est en avance sur le timing et que si on ne prend pas le temps de respirer on a plus de probabilité  de commettre une erreur.

Avec ce vent qui ne veut pas se calmer, mes lunettes givrent, les piles de ma frontale se meurent avec le froid. Je ne vois donc pas grand-chose et parfois la trace est à peine plus large que ma chaussure alors je fais bien gaffe et j’use constamment de mon piolet pour m’assurer à droite sur le haut de l’arête neigeuse, alors je geins!

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Enfin on arrive, 6088 mètres!!! Martial est super content et moi sur le coup, pas vraiment, j’ai cru a un temps parfait au sommet pendant les trois quarts de la montée et là, on ne voit même pas à 5 mètres. Je suis juste content pour Laeti car, quand elle verra les conditions que l’on a eues, elle sera bien moins déçue de ne pas être allée en haut. Mise à part deux Suisses, nous étions les seuls au sommet du Huayna Potosi ce jour-là. Cela fait un taux de réussite de 4/18, bien loin de ce que vantent les agences de La Paz. Il fait trop froid alors on ne traîne pas là-haut. Il se met à neiger dans la descente, on s’arrête au refuge pour récupérer le reste du groupe puis on descend jusqu’au camp de base.

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